À propos

Mission et objectifs

La Chaire de recherche sur la diversité sexuelle et la pluralité des genres associe des partenaires gouvernementaux, communautaires et universitaires souhaitant contribuer à la reconnaissance des groupes minorisés en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité ou expression de genre (OSIEG) par la production et la mobilisation de connaissances nécessaires à l’élaboration et à l’implantation de mesures, de programmes et de politiques publiques pour lutter efficacement contre les discriminations et les différentes formes d’exclusion, de dévalorisation et d’infériorisation de ces groupes.

Plus précisément, ses objectifs sont les suivants :

  • Favoriser la mobilisation des expertises scientifiques et partenariales dans la définition des besoins de connaissances et la production de nouveaux savoirs concernant les réalités des groupes minorisés en raison de leur OSIEG, les impacts des discriminations et des différentes formes d’exclusion, de dévalorisation et d’infériorisation de ces personnes, ainsi que les moyens de les contrer efficacement.
  • Développer les partenariats de recherche dans les régions du Québec de même qu’à l’échelle nationale et internationale.
  • Contribuer au transfert et à la mobilisation des connaissances auprès de la population, des institutions publiques et de publics ciblés des milieux éducatifs, du travail, de la santé et des services sociaux, professionnels, associatifs et communautaires, notamment par la conception et l’évaluation de mesures de sensibilisation et d’éducation.
  • Soutenir la formation de la relève pour maximiser les compétences ainsi que l’insertion professionnelle des nouvelles personnes chercheures, étudiantes et intervenantes.

Historique

Le Québec a fait figure de pionnier en interdisant la discrimination sur la base de l’orientation sexuelle dans sa Charte des droits et libertés de la personne dès 1977. Deux décennies plus tard, une série de législations assuraient la reconnaissance des unions entre personnes du même sexe (unions de fait en 1999, union civile en 2002) ainsi que de leurs droits parentaux (2002). La législation canadienne autorisant le mariage entre conjoint·es de même sexe en 2005 est venue sceller cette évolution vers une égalité juridique formelle.

En 2004, un dialogue s’est amorcé entre le gouvernement du Québec et les organismes LGBT 1 afin d’échanger sur la persistance de la stigmatisation et de la discrimination envers les personnes minorisées en raison de leur OSIEG. En 2005, le ministre de la Justice confiait à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) le mandat de diriger les travaux d’un groupe de travail chargé de dresser un portrait des problématiques relatives à l’homophobie au Québec. Ce groupe réunissait des représentant·es de ministères et d’organismes publics, des milieux communautaires, syndicaux et universitaires, dont les savoirs et les points de vue complémentaires se sont enrichis mutuellement. Publié en mars 2007, le rapport de la CDPDJ, De l’égalité juridique à l’égalité sociale – Vers une stratégie nationale de lutte contre l’homophobie, montrait que l’homophobie demeure bien présente dans diverses sphères de la vie et fait obstacle à l’obtention d’une réelle égalité sociale pour ces personnes, en dépit des avancées législatives consacrant leur égalité en droit. Le rapport incluait aussi une série de recommandations, dont l’une concernant la mise en place d’une chaire de recherche universitaire sur « les réalités des personnes de minorités sexuelles et les impacts de l’homophobie et de l’hétérosexisme » (p. 72).

En décembre 2009, le gouvernement du Québec mettait en application la première recommandation du rapport de la CDPDJ en adoptant la Politique québécoise de lutte contre l’homophobie. Le Plan d’action gouvernemental de lutte contre l’homophobie 2011-2016, élaboré en consultation avec une coalition d’organismes LGBT et comprenant 60 mesures, était lancé quelque deux ans plus tard, en mai 2011. Le soutien à la mise en place d’une Chaire de recherche sur l’homophobie (CRH) par le ministère de la Justice du Québec constitue une mesure phare de ce plan d’action. La création de cette chaire vise à accroître les connaissances relatives à la diversité sexuelle et à la pluralité des genres, ainsi qu’aux moyens de contrer l’homophobie plus efficacement. Elle répond aux souhaits exprimés par les principaux et principales acteur·ices institutionnel·les, communautaires et universitaires engagé·es dans la lutte contre l’homophobie au Québec.

Le premier mandat de la CRH s’est avéré très fructueux. La titulaire, Line Chamberland, et l’équipe de 22 chercheur·es rattaché·es à la CRH ont grandement contribué au développement du champ d’études de la diversité sexuelle et de la pluralité des genres, et lui ont assuré une meilleure visibilité au sein du monde de la recherche. Les études réalisées confirment l’importance de poursuivre l’exploration de l’hétérogénéité au sein des personnes minorisées en raison de leur OSIEG ainsi que les intersections entre différents rapports sociaux producteurs d’inégalités et d’exclusion sociale.

De nouvelles questions émergent constamment avec les transformations sociales observées. Pensons par exemple aux impacts des médias sociaux ou à la multiplication des identités relatives aux orientations sexuelles et aux genres. Plusieurs aspects du champ d’études demeurent trop peu examinés, comme les interactions entre les différentes sphères de vie qui composent l’entourage de la personne (famille, travail, amis, loisirs, etc.) ou encore les facteurs de différents niveaux qui contribuent à la résilience individuelle et collective. L’accessibilité aux travaux de recherche réalisés et la mobilisation des connaissances effectuée par la Chaire sont tout aussi essentielles aujourd’hui et justifient le maintien du caractère partenarial de la CRH. La Chaire de recherche a été renouvelée pour un second mandat en mai 2017 dans le cadre du Plan d’action de lutte contre l’homophobie et la transphobie 2017-2022 du ministère de la Justice du Québec.

En 2019, Martin Blais est nommé cotitulaire, avec Line Chamberland, de la Chaire de recherche sur l’homophobie. Cette décision reflète la volonté de Line Chamberland de partager le titulariat, ainsi que l’expertise de Martin Blais et la pertinence scientifique et stratégique de poursuivre le développement de la recherche sur les thématiques liées à la diversité sexuelle et de genre. En effet, le champ des études sur les personnes minorisées en raison de leur OSIEG connaît une croissance constante. La CRH a su s’y tailler une place comme pôle d’expertise au Québec et au Canada. Sa thématique de recherche accorde la priorité aux travaux sur la stigmatisation et les discriminations envers ces groupes minorisés qui nuisent à leur bien-être et font obstacle à leur intégration sociale et au plein exercice de leur citoyenneté.

Depuis 2020, Martin Blais est seul titulaire de la Chaire, dont le nom est désormais Chaire de recherche sur la diversité sexuelle et la pluralité des genres (CR-DSPG). À la fin de son second mandat, les résultats des travaux réalisés par la Chaire et ses membres font ressortir que l’égalité juridique n’est pas garante d’une égalité sociale ni de la reconnaissance sociale et institutionnelle dans les divers milieux de vie. De plus, le défi d’appréhender la diversité au sein des groupes minorisés en raison de leur OSIEG demeure entier. La thématique de recherche de la CR-DSPG conserve toute sa pertinence scientifique et sociale.

Dans le cadre du Plan d’action de lutte contre l’homophobie et la transphobie 2023-2028, la CR-DSPG voit son mandat renouvelé pour 5 ans par le Secrétariat à la condition féminine, qui chapeaute maintenant la lutte contre l’homophobie et la transphobie. Sa nouvelle programmation s’articulera autour des 4 axes suivants :

  1. l’analyse des inégalités intersectionnelles au sein des populations LGBTQ2+ afin de mieux comprendre le vécu des sous-groupes les plus marginalisés ;
  2. la production de nouveaux savoirs permettant de mieux cerner les mécanismes de la discrimination, de la dévalorisation et de l’exclusion des personnes LGBTQ2+ ainsi que les acteur·ices impliqué·es dans ces mécanismes ;
  3. la mobilisation des connaissances produites dans l’élaboration de programmes, de mesures et de politiques publiques visant à lutter contre les LGBT+phobies ;
  4. la co-construction avec des partenaires gouvernementaux, universitaires et communautaires des outils et des pratiques permettant l’éducation et la formation d’acteur·ices clés.

L’équipe de la Chaire est heureuse de maintenir son engagement dans la reconnaissance des réalités des groupes minorisés en raison de leur OSIEG.


1. L’acronyme LGBT signifie lesbiennes, gais, personnes bisexuelles et transsexuelles/transgenres. Peuvent s’y ajouter d’autres lettres désignant des groupes minorisés en raison de leur OSIEG (par exemple, Q pour queer, I pour intersexe).